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Ely de Torriel
1 janvier 1998

chapitre 1 1



Chapitre 1

- Ely


Il faisait beau ce jour là, quasi aucun nuage n’obscurcissait le ciel. Ely aspira un peu du milk-shake posé devant elle puis retourna à sa contemplation rêveuse des passants traversant la grande avenue lumineuse, au travers de la vitre, un peu crasseuse du fast-food dans lequel elle se trouvait.

Il y avait bon nombre de chalands cet après-midi là, profitant sûrement du soleil printanier qui commençait tout juste à revenir de sa longue hibernation. Une journée toute à fait lambda.

Les yeux d’Ely passaient de piéton en piéton suivant les pérégrinations de chacun, l’un la guidant jusqu’au suivant. Elle trouvait qu’il y avait quelque chose d’agréable à regarder la vie de loin, se demandant qu’est-ce qui amenait chaque personne à marcher ici cette après-midi, comme si elle regardait un documentaire sur un monde dont elle ne faisait pas parti. De l’autre côté de la route presque entièrement piétonne, elle observa quelques joggeurs qui discutaient joyeusement toute en trottinant doucement, ils passèrent à côté d'un jeune homme en costume, déportant l’attention d’Ely vers lui, il était de toute évidence au prise d’une conversation tumultueuse au travers de son téléphone et faisait de sa main libre des gestes violents dans l’air. Une mère de famille passa devant lui d’un pas rapide et naturellement l’attention d’Ely dévia vers elle. Essayant vainement de gérer un bébé pleurnichard dans sa poussette et les deux autres enfants la morve au nez tentant vainement d’attirer son attention,en lui tirant de chaque côté son pantalons,. Ils croisèrent la route d’un jeune homme blondinet adossé à une rambarde semblant attendre quelqu’un...Ely fit tourner sa paille autour de sa langue et soupira doucement. La journée avait été longue et elle avait l’impression étrange d’être dans une rêve, un rêve dont elle se réveillerait bientôt.
Perdue dans ses pensées, son attention s’attarda sur une femme en tailleur marchant d’un pas rapide, alternant marche et trottinement pour tenter d’ accélérer son allure, Ely imagina le bruit de ses talons sur les pavés, rythmant la danse de sa jupe moulante ondulant le long de ses hanches...Une main passa soudain devant son visage, la ramenant brutalement à la réalité. Ely failli avaler sa paille de surprise et se tourna précipitamment vers son interlocuteur.

- Ouh ouh Ely! Tu m’écoutes ?

A côté d’elle sur la banquette en plastique rouge brillante se tenait Eddy, son « petit ami » du moment, qui la regardait, une moue amusé plaquait sur son visage anguleux.

- Euh, oui pardon ! J’ai euh...j’étais dans mes pensées, tu disais ?

Lui répondit t-elle tant bien que mal, tentant de retrouver le fil de leur conversation, avant que son attention ne dévie. Elle avait cette impression désagréable de s’être fait prendre la main dans le sac.



-Encore dans la lune ? Faut dormir la nuit plutôt que de mater tes séries ! Rigola t-il en réponse, puis lui ébouriffa gentiment les cheveux brièvement, avant qu’elle ne lui repousse la main, bougonne.

- Je dormirais mieux si une certaine personne arrêter de me parler sans cesses de trucs cool à voir !

- il est impossible que ça arrive ! Ah ah, je ne sais pas si tu avait entendue mais je te parlais de ma théorie à propos du dernier…. Reprit-il absolument pas décontenancé par la rêverie de sa compagne.

L’avantage d’Eddy, c’est qu’il n’y avait pas besoin d’avoir une personne avec beaucoup de conversation en face de lui, la plupart du temps, il discutait pour deux.

Enjoué pour tout et pour rien, il était bien souvent tellement concentré sur ses idées qu’il remarquait rarement quand Ely commençait à papillonner ailleurs. Elle rapprocha son milk-shake d’elle et reprit plusieurs gorgée du liquide délicieux tout en hochant de la tête à Eddy pour lui témoigner qu’elle l’écoutait cette fois.

Avec ses petits yeux noir en amandes, son nez droit, son teint bronzé et ses cheveux noirs et fins, mi-long tombant sur son visage et sa nuque, il était clairement beau garçon. Son assurance et son physique assez athlétique lui valait une certaine côte dans son université et Ely se dit que beaucoup de filles auraient sûrement donné cher pour être à sa place. A cette pensée, un sentiment de culpabilité bien connu remonta en elle.
Amis depuis leur entrée à l’université, ils s’étaient tout les deux tout de suite bien entendu, au point de passer de plus en plus de temps ensemble pour finir inéluctablement par lui demander de sortir avec lui. Elle se sentait si bête de ne pas l’avoir vu venir, mais emportée par le courant, n’avait pas eu le temps alors d’y réfléchir que comme ça lui été déjà malheureusement arrivait par le passé, tout le monde avaient déjà décrétait qu’ils étaient ensemble.

Elle ne pouvait que l’admettre, Eddy était un petit ami très sympa, très gentil et attentionné et puis cela permettait que sa mère arrête de la harceler sans cesse par rapport à sa vie amoureuse mais...mais il semblait manquer à Ely quelque chose d’indispensable. Elle ne ressentait rien de plus pour lui qu’une profonde amitié, pas le moindre désir à part peut être celui d’une conversation endiablé jusqu’à l’aurore, et savait pertinemment pourquoi.

Elle détourna les yeux à cette pensée, incapable de garder son regard posé sur Eddy plus longtemps, la culpabilité criant au fond de son cœur. Il eut été temps qu’elle lui dise que tout n’était qu’un malentendu et qu’ils ne pouvaient pas rester ensemble, mais l’idée de le blesser lui serrait le cœur...Lâche pensa t-elle, fatiguée par sa propre passivité.

En le regardant faire voler son propre milk-shake en même temps qu’il parlait, Ely essaya mentalement de se donner le courage de faire ce qu’il fallait. Toute sa vie elle s’était laissée porter par le cours du temps sans vraiment essayer de lutter, espérant qu’il l’a guide vers un bel avenir, comme si elle était extérieur à sa propre vie. Il était peut être temps que ça change, qu’elle change. Mais….demain peut être.

Après avoir mangé et surtout bu jusqu’à plus soif, ils se décidèrent à rentrer chez eux. Eddy proposa naturellement de la raccompagner et ils se mirent en route à pieds. Ely habitait dans une résidence universitaire à un kilomètre environ de là, un chemin qu’ils avaient souvent l’habitude d’effectuer.

Le soleil se couchait doucement dans leurs dos tandis qu’ils marchaient d’un pas tranquille encore un peu groggy par leurs repas, discutant par intermittence de tout et de rien.

A plusieurs reprise néanmoins, Ely eu une désagréable impression, qui lui hérissa les poils des bras, la sensation d’une présence qui les suivait.Elle tenta de passer outre mais rien n’y fit, c’était comme si elle percevait une présence. Ely fini par se retourner discrètement plusieurs fois, sans jamais rien apercevoir. Au bout d’un moment Eddy fini par le remarquer.

-Hey, Tout va bien ? Tu as l’air bizarre depuis tout à l’heure.

-Je sais pas trop... tu vas me prendre pour une folle mais, je n’arrête pas d’avoir l’impression qu’on nous suit….Dit-elle à voix basse.

-Hein ?

Surpris Eddy se retourna le plus discrètement qu’il lui était possible de faire (c’est à dire assez peu discrètement d’un point de vue extérieur) et scruta la rue dans laquelle ils se trouvaient. Il n’y avait rien bien sûr, ils étaient seuls.

-Je ne vois rien... ça ne serait pas la fatigue qui te joue encore des tours ? Lui dit-il en rigolant doucement.

-Je ne suis pas si fatiguée que ça ! Mais tu as peut être raison, je me sens un peu bizarre c’est derniers jours...

Ely jeta quand même un dernier coup d’œil derrière puis essaya de juste l’ignorer le reste du trajet, sans vraiment y parvenir.

Une fois devant le bâtiment où se trouvait son petit studio, elle tenta de prendre congé de son ami rapidement pour aller retrouver la sécurité de sa petite tanière mais ce dernier lui attrapa la main avant qu’elle ne puisse amorcer le moindre mouvement et l’attira vers lui pour l’embrasser doucement.

Ely aimerait dire que ce baiser était extraordinaire et qu’il lui avait fait changer d’avis sur sa relation, mais cela aurait été mentir, elle n’eut aucun ressenti, rien de plus que si elle avait embrassé son propre bras…Une bouffée de culpabilité lui revint et elle se dégagea doucement de son étreinte.

Il lança vers elle un regard heureux et lui dit en souriant bêtement :

-C’est pour t’aider à faire de beaux rêves.

Le cœur d’Ely se serra un peu plus à ces mots, si seulement c’était vrai.Pire encore au vue des rêves qu’elle faisait ses derniers temps. Ils étaient plutôt remplis de flash d’épopées épiques et de scènes de vie moyenâgeuse étrange dont il ne lui restait au matin que des bribes de sensations et un sentiment très intriguant de... puissance, Ely ne voyait pas d’autre façon de le décrire. Elle s’aperçut soudain qu’Eddy n’avait toujours pas bouger depuis leurs dernier baisé, un regard interrogateur fixé droit vers les yeux d’Ely.

Est-ce qu’elle avait fait une bêtise ? Ou laissait trop transparaître ses sentiments ? Ne pouvant plus supporter son regard scrutateur plus longtemps mais n’osant pas lui poser directement la question, elle détourna la tête, gênée.
Contre toute attente, il se rapprocha d’elle et lui attrapa le visage pour le tourner vers lui, de sorte que leurs regards se croisent.

-C’est toi qui vas me prendre pour un fou cette fois mais….T’es yeux, ils sont vert d’habitude on est d’accord ? Et je les ai suffisamment fixé pour le savoir . Il rigola à sa propre phrase. Mais là….Je jurerai qu’ils sont bleus et bleus clairs même ! C’est sûrement la lumière qui fait ça ou bien tes lunettes peut être, mais quand même ! C’est la première fois que je le vois aussi bien.

-Ah oui ?

Il lâcha son visage pour récupérer son smartphone, coincé dans sa poche arrière.

-Tiens, regarde par toi-même. Espérons que ça se voit sur le téléphone aussi.

Il se plaça alors à côté d’elle puis plaça devant eux son téléphone, la caméra activée en mode selfie.

A l’heure actuel le soleil était quasiment totalement couché mais le lampadaire et la lumière automatique devant l’immeuble les éclairaient suffisamment pour que l’appareil leurs renvoie une image de plutôt bonne qualité.

Ely se découvrit au côté d’Eddy comme elle se voyait tout les jours, ses longs cheveux presque noir tant bien que mal coiffés en queue de cheveux à l’arrière pour éviter qu’ils ne lui viennent sans cesse dans la figure ; sa frange désormais bien trop longue mis sur le côté ; son visage long et ovale, surmonté d’un nez en trompette qui l’a complexée parfois mis en valeur par des lèvres légèrement pulpeuses, marquées par la forme de ses dents qu’elle plante dedans quand elle stressait. Enfin caché derrière ses grandes lunettes de vue (indispensable à sa vie de tout les jours) deux grands yeux ve...bleu ?!

Ely releva ses lunettes puis les rebaissa sans détecter la moindre différence de couleur et regarda autour d’elle de quelle lumière aurait pu faire ça, sans succès. Ils étaient passés d’un vert tout à fait lambda à un bleu pétant. Quand elle regarda vers son comparse, il l’a regardait toujours à travers le téléphone, tête contre tête, attendant de voir sa réaction. Ely se demanda si ses yeux avait également changé de couleurs, mais vu la couleur sombre des siens, il était impossible de le dire. Il lui sourit quand il s’aperçut qu’elle le regarder.
-Pas mal hein ? Ça ne te l’avait jamais fait ?

Ely secoua la tête en guise ne réponse, et se remit à fixer sa propre image dans le téléphone, perturbée, cette journée commençait à devenir un peu trop étrange.

-Haha, ne fait pas cette tête voyons, comme je te le disais, c’est très probablement la lumière ! Oh ! J’y pense, viens, on prends une photo souvenir.



Après avoir prit la fameuse photo souvenir, qui se révéla en fait en être une dizaine avant qu’ils n’en trouvent une qui ne leurs plaise, ils se souhaitèrent une bonne soirée en se promettant de s’envoyer un SMS plus tard dans la soirée et Ely pu enfin retrouver sa grotte bien aimée.

Plus tard dans la soirée lorsqu’elle eu fini de manger et de se doucher, les choses devinrent encore plus étranges. Alors qu’elle se regardait à travers le grand miroir derrière sa porte, elle fut choquée de devoir constater que ses yeux n’avait absolument pas retrouvé leurs couleurs habituelles, pire encore, ils lui paraissaient d’un bleu plus clair encore. Et s’il n’y avait que ça !

Ely avait toujours eu marquée à droite de son bas ventre, dans le creux de sa hanche une marque de naissance assez singulière qu’elle avait toujours apprécié. De la taille de sa paume, elle l’avait toujours trouvé étrange avec sa forme trop bien tracée, comme des serpent qui entrelacés qui lui donnaient presque une allure de tatouage. Mais jamais elle n’aurait pensée qu’elle ferait que ce qui se passait ce soir là. Elle semblait... Briller légèrement. Comme si quelqu’un avait placé sous sa peau de toutes petites lumières bleutées de l’exacte taille de sa tâche de naissance. Elle se frotta les yeux n’osant pas y croire .

Après palpations, elle remarqua qu’elle était également légèrement plus bombée et plus chaude . Prise d’une légère angoisse, elle inspecta le reste de son corps mais n’y trouva rien d’inhabituelle. Elle souffla un grand coup pour se calmer puis se parla à elle-même :

-OK, pas de panique. Il y a sûrement une explication rationnelle à tout ça, après tout, c’est très courant les tâches de naissance qui brillent….où les yeux qui changent de couleurs…où les gens qui se parle à eux même à haute voix ! ( Elle passa sa main dans ses longs cheveux) Allons chercher sur le net !

Il n’y avait que trois pas entre sa salle de bain et son lit et elle se laissa tomber dessus, au milieu de la multitude de peluches et coussins. C’était son havre de paix, rempli de tout ce elle avait besoin pour se détendre. Une fois bien installée, elle récupéra l’ordinateur portable qu’elle cachait toujours sous son lit et commça ses recherches.

Trois heures plus tard, ses cuisses rougies à la chaleur de l’ordinateur, elle en vint à la conclusion que d’après internet, elle avait soi : une maladie mortelle, soi : un grave problème de radiation. Bref, rien que de très rationnel ou rassurant en soi.

Un peu dépitée, elle reposa son ordinateur portable sous le lit, regarda une dernière fois sa tâche de naissance et constatant qu’elle était toujours aussi chaude et brillante, et péniblement tenta de se reposer.





Cette nuit là, comme elle en avait prit l’habitude depuis quelques jours, Ely fit de nombreux rêves étranges, peuplés de magiciens aux grands pouvoirs et de monde médiéval sombre et glaçant, dont elle fut tirée net par son réveil. Ses rêves étaient de plus en plus réalistes, si bien qu’elle mettait de plus en plus de temps à retrouver ses esprits au réveil. Une fois bien réveillée cela dit, ils s’évaporaient jusqu’à ne plus arriver quasiment à s’en souvenir.

Dire que les choses s'étaient améliorées durant la nuit eut été un euphémisme, quand elle se regarda dans la glace au réveil encore un peu déboussolée, son angoisse, qui s'étaient un peu calmée durant la nuit, grimpa d’un cran.

Sa tâche était chaude, beaucoup plus chaude que la vieille, comme si son corps avait de la fièvre, mais uniquement à cet endroit là. Ses yeux avait changés durant la nuit également. Parfaitement visible avec l’expression d’ébahissement qui s’était peint sur son visage, ils étaient maintenant beaucoup plus clair et bleu, presque turquoise. Ely ne put s’empêcher de se dire que c’était une fort jolie couleur.

Et puis se rassura t-elle, elle ne se sentait pas malade, mais plutôt le contraire ! Elle se sentait parfaitement reposée et avait même l’impression d’avoir gagné quelques points de vision, comme si les couleurs du monde qui l'entourait étaient devenues plus vives, plus nettes ! Où bien alors n’était-ce qu’une illusion de son cerveau pour éviter qu’elle ne panique ?

Pour plus de précaution, elle plaça un sparadrap sur l’emplacement de sa tâche, préférant ne pas se faire remarquer à l’université si jamais elle devenait plus brillante. Elle eu un frisson rien que d'y penser. Par contre pour les yeux...elle n’aurait qu’a prétexter porter des lentilles ?

Au moment elle finissait de poser le pansement, elle entendit au loin dans son lit le bruit significatif du réveil qu’elle avait programmé pour lui indiquer qu’elle devait partir de chez elle, si elle ne voulait pas arriver en retard à sa première heure de cours.

Elle était toujours en culotte dans sa salle de bain, les lunettes de travers et les cheveux emmêlés par la nuit.

-Oh merde !

Dès lors s’en suivi une course effrénée contre la montre. D'abord, se laver les dents ! En même temps attraper un mini short et une jupe, les enfiler, choper un soutien-gorge qui traînait puis trouver une marinière pas trop sale, passer trois coup de peignes rapide dans ses cheveux pour les aplatir un peu, attraper un morceau de pain abandonné sur la table, mordre....oh mon dieu, dégoûtant ! Cracher le dentifrice d'abord !


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