chapitre 1-2
Son sprint continua jusque dans la rue où elle finit par alterner marche rapide et trottinement plutôt que la course, son sac en bandoulière cognant contre ses jambes, les joues totalement rouges et sa respiration telles des montagnes russes tellement son endurance était mise à rude épreuve.
-C’est….trop tôt….pour ces conneries ! Marmonna Ely pour elle-même, à bout de souffle.
En ralentissant encore elle se rendit compte que la sensation d’être suivi qu’elle avait ressentie la veille était revenue, aussi forte, voir plus que la veille. Ely se crispa et risqua un coup d’œil en arrière à plusieurs reprises tandis qu’elle arpentée les rues de sa ville pour rejoindre le plus rapidement possible son école, mais encore une fois, ne put rien apercevoir d’étrange.
Pire que ça, elle arriverait bientôt vers le raccourci qu’elle prenait habituellement, mais qui nécessitait de passer par une longue ruelle assez étroite, qui dans le cas présent lui hérissait les poils des bras rien que de penser la traverser.
Elle regarda de nouveau derrière elle. Rien. Pas même une feuille qui bougeait ou un passant. Elle expira un bon coup pour se donner du courage tout en ralentissent la cadence, incapable d’avancer plus vite vers son dilemme.
Elle y était presque maintenant. Certes elle pouvait juste continuer et passer par la grande avenue qui longeait le canal près de l’université mais cela lui ferait louper une bonne partie de la première heure...Où bien, elle s’engageait dans la ruelle et affrontait sa peur irrationnelle. Après tout, elle n’avait jamais rien vu dernière elle et il n’y avait aucune raison que quelqu’un lui veuille du mal.
« C’est la même chose quand j’étais petite avec le noir, le stress me fait imaginer des choses, c’est tout » pensa t-elle pour se rassurer.
Et puis, ne s’était-elle pas dit la veille qu’il était temps d’arrêter de fuir ses peurs ?
Ely serra les clés qu’elle tenait toujours dans la main jusqu’à ce que ses phalanges en deviennent blanches et s’engouffra dans la ruelle.
Elle était si étroite que la lumière du soleil n’y arrivait que partiellement et une odeur d’urine et d’excréments lui piqua les narines.
Ely y passait assez souvent, pourtant cette fois-ci ce fut comme si elle y engageait pour la toute première fois. Avait-elle toujours été aussi sombre et effrayante ? Les odeurs aussi fortes ?
Il ne lui fallut que quelques pas avant qu’elle ne ressente tel un sixième sens que venir ici était une erreur. Une alarme en elle bipait à mesure qu’elle y avançait. Elle accéléra le pas autant qu’elle le put et un frisson lui passa dans le dos quand la sensation d’une présence lui revint, toujours plus puissante, comme si la personne...ou la chose derrière elle se rapprochait.
Elle était maintenant presque arrivée à la moitié de la ruelle.
Son cœur battait si vite qu’ Ely se demandait combien de temps il tiendrait ce rythme. Comment une simple sensation pouvait-elle la mettre dans un état pareil ?
-Tout va bien...Ce n’est que ton imagination, il n’y a rien derrière toi...C’est juste ton cerveau qui s’imagine des choses avec toute cette histoire de yeux qui change de couleurs et cætera … marmonna t-elle le plus doucement possible.
Au moment où elle songeait à partir en courant, une pensée traversa son esprit.
Et si ….Et si elle se retournait une bonne fois pour toute après tout ? Histoire d’affronter sa peur imaginaire et faire comprendre à son esprit qu’il n’y avait aucune raison de s’emballer ? Il n’y avait rien derrière elle, mais sont corps refusait de le comprendre. Si elle ne le faisait pas maintenant finirait par stresser tout le long du trajet voir plus tard dans la journée. Mais si elle se décidait à se retourner ici et maintenant, s’il n’y avait rien ? Et il n’y aurait rien ! Aucune autre possibilité n’était acceptable à ses yeux. Alors elle aurait la preuve que tout cela n’était que la conséquence du stress qui s’était accumulé depuis la vieille, rien de plus. Elle pourrait enfin reprendre le cours normal de sa journée.
Elle ralenti l’allure puis stoppa totalement, une main serrant toujours ses clefs tandis que l’autre agrippait la lanière de son sac.
Elle ferma les yeux.
Il n’y avait aucun bruit de pas derrière elle, rien, elle n’entendait que le son de voitures roulant à pleine vitesse non loin de là et celui de sa respiration beaucoup trop trop forte.
- Il n’y a rien derrière toi à part le vide... rien du tout…..
Ely vida une nouvelle fois ses poumons, rentra son cou entre ses épaules, et se prépara à se retourner.
- Il n’y aura rien du tout...rien...de rien….Mais faites que je ne meurs pas !
Et elle se retourna d’un seul mouvement, aussi rapide qu’elle le pouvait, puis se figea les larmes au yeux.
Elle n’eut même pas le temps de finir de penser « il n’y a rien au final » qu’Ely fut projeté en arrière sur le sol par une force invisible.
Elle tomba lourdement sur les fesses, expulsant tout l’air qu’elle avait dans ses poumons par la même occasion.
- Outch !
Les yeux toujours fermés, elle mit un peu de temps avant d’oser les ouvrir à nouveau.
Quand elle le fit, une giclée de sang lui gifla le visage et les lunettes avant de partir s’étaler contre le mur sur sa droite. Elle aperçut alors la créature à qui il appartenait, une sorte de reptile à allure humaine qui s’écroula devant elle les yeux livides, probablement mort.
Derrière le cadavre se trouvait un homme, plutôt grand, dos à elle, habillé d’un jean slim sombre et d’un t-shirt bleu foncé quelconque, il lui paraissait presque surréaliste mais le plus choquant était la longue épée qu’il tenait dans sa main droite et de laquelle gouttait du sang.
Quelques mètres plus loin, devant lui, quatre autres hommes se battaient encore, un avec une épée, un autre avec une matraque et les deux autres avec des armes qu’ Ely n’aurait su nommer.
Il y eu des sortes de flash puis tout se passa extrêmement vite. Encore sous le choc, Ely n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il se passait que deux des hommes étaient déjà face contre terre, sur le sol glacial de la ruelle, leurs corps s’auréolant doucement de flaques rouges grandissantes.
Totalement bouleversée, la jeune femme n’avait pas bougé d’un centimètre quand elle s’aperçut que l’homme plus proche d’elle, celui à l’épée sanguinolente, c’était rapproché d’elle tête baissé.Elle eu un mouvement de recul en réflexe mais il ne sembla pas du tout s’en préoccuper et posa une genou à terre devant elle à une cinquantaine de centimètres seulement d’elle. Ely n’osait même plus respirer.
Il resta ainsi devant elle sans bouger, jusqu’à ce que les deux autres hommes se soit également accroupi derrière lui puis il releva sa tête et pris la parole d’une voix solennelle.
- Je vous salue Dame Okaï, je me nomme Ohriel, Sergent de l’armée impérial d’Aeastrël, et voici le soldat Avaï et Rayël. Nous sommes ici pour vous protéger au péril de nos vies. Il marqua une pause et baissa de nouveau la tête. Cela doit vous paraître bien déroutant et je m’en excuse, sachez que ce qu’il vient de se produire n’aurait jamais du arriver et j’en prends l’entière responsabilité, veuillez m’en excuser. Cela dit, ma Dame, nous devons vous mettre à l’abri au plus vite.
Il se tut et plus rien ne bougea, pas même Ely toujours pétrifiée. Elle se contenta de les fixer les yeux et la bouche grande ouverte, sans réussir à réunir assez de pensées pour articuler le moindre mot.
Tout commença à devenir flou autour d’elle et Ely compris qu’elle ne respirait plus depuis bien trop longtemps. Elle aspira une grand goulée d’air frais.
L’odeur d’urine et d’excrément revinrent emplir ses narines accompagnées par celle plus âcre du sang frais. Son regard se posa autour d’elle vers les cadavres jonchant le sol, leurs sang commençait à recouvrir tout le béton autour d’eux. Sa main gauche touchait quelque chose de chaud alors elle l’a porta devant son visage pour pouvoir l’observer. Elle même était entièrement rouge de sang, probablement celui de l’homme lézard mort à quelques pas seulement d’elle.
C’était plus de sang qu’elle n’en avait jamais vu de sa vie, plus que ce qu’elle n’aurait jamais voulu en voir. Les larmes lui montèrent au yeux et elle n’eut pas la force ni le courage de les retenir.
-Dame Okaï...Vous allez bien ?
Le son lui fit tourner la tête vers le jeune homme. Il avait relevé sa tête anguleuse vers elle, ses cheveux très blond plaqués en arrière contre son crâne et lui portait un regard chargé d’inquiétude. Un regard aussi bleu que ceux qu’elle avait aperçut le matin même dans le miroir.
-Dame Okaï... ? Répéta t-il.
-J...jjj...j...je ne suis pas...Dame Okoi, j...j...jje suis désolé… ! Réussi t-elle temps bien que mal à articuler. Tout son être ne demandait qu’à s’enfuir en courant, fuir cette réalité le plus rapidement possible mais chaque centimètre carré de son corps semblait soudé au sol.
L’homme lui sourit doucement.
-Tout va bien Dame Okaï, il est normal que vous soyez sous le choc mais vous êtes sans l’ombre d’un doute l’ Okaï que vous cherchons. Je ne peux malheureusement pas me permettre de tout vous expliquer au vu de la situation, mais si vous acceptez de nous laisser vous conduire en lieu sûr, je peux vous assurez que vous nous porrons vous apporter toutes les réponses. Vous n’êtes pas en sécurité ici.
Toujours un genou à terre, le sergent tendit la main vers elle.
Et Ely resta un instant à réfléchir avant de réagir. Son esprit continuait de répéter en boucle qu’il fallait qu’elle s’enfuit mais elle avait bien trop peur pour oser faire quoique ce soit, ces hommes avaient tuer leurs semblables sans l’ombre d’une hésitation, et en une fraction de seconde. Elle n’avait aucune chance face à eux. Pas dans sa situation actuelle. Il ne lui restait plus qu’a leur faire confiance et obéir en espérant que le sort lui soit favorable.
Ely rassembla le peu de courage qui lui restait, remonta ses lunettes pour essuyer d’un revers de la main ses yeux humides et attrapa la main qu’on lui tendait.